vendredi 31 décembre 2010

"Entre les murs" et "La journée de la jupe" : un portrait de vies et un voyage intérieur pour dire le même malaise

Hier et aujourd'hui, je me suis fait un petit doublé gagnant. En retard comme trop souvent, j'ai vu les deux films parlant de l'école en France et qui ont chacun à leur manière défrayé la chronique : "Entre les murs", Palme d'or à Cannes (2008) presque unanimement saluée par la critique, rejetée par certains enseignants qui ne se reconnaissaient pas dans ce portrait d'un collège de ZEP aux accents malgré tout positifs ; "La journée de la jupe" (2009), nettement plus aux frontières du montrable et du politiquement correct, mal distribué sans doute justement pour ce point de vue provocateur et libérateur à la fois.

Je pensais que je me rangerais forcément d'un côté ou de l'autre : qu'un film ou l'autre l'emporterait pour moi dans la transmission d'une certaine vérité. En réalité, les deux films semblent constituer les deux faces d'un même miroir. Comme si toute la belle énergie déployée par les profs mis en scène dans "Entre les murs" creusait sournoisement en eux une fatigue qui ne demanderait pas grand-chose pour basculer. Ce moment de passage est d'ailleurs mis en scène dans "Entre les murs", quand le prof de français pète un plomb et lance ce qui peut être retenu comme une insulte à deux élèves de sa classe. De là à les prendre en otage comme dans "La journée de la jupe", il y a loin, très loin vraiment. Mais quand "Entre les murs" décrit, très honnêtement et simplement, la vie d'un collège, "La journée de la jupe" montre de façon épique l'enlisement psychologique où peut tomber le prof qui la vit. Le film de Cantet montre un récit vu de l'extérieur : la vie d'une institution, ses rouages et la place de l'individu au sein de ceux-ci (son poids, ou son insignifiance) ; celui de Lilienfeld est une histoire intime et interne, le drame psychologique vécu par l'enseignant parfois (ce n'est pas un hasard si le film est un huis-clos).

Dans les deux cas, ce qu'on retiendra, c'est d'une certaine façon la bande son. Le silence, les cris, les discussions usantes, les mots qui fusent, les insultes, le langage trituré, malmené, violenté. Ca fait mal, c'est parfois douloureux à écouter tant les échanges sont heurtés, manquent de cohérence, de logique, de douceur, de bonne volonté, d'humour, d'intelligence. La langue constitue véritablement un personnage à part entière de chacun de ces films, avec un affrontement continu et usant entre les personnages dans le film de Cantet, et au contraire un affrontement tranché entre une parole dominante et une parole menacée, dans le film de Lilienfeld. Là encore, il y a continuité entre un point de vue collectif sur l'institution et un point de vue psychologique individuel : décrire un brouhaha et la capacité de l'individu à y faire face en réprimant ses instincts violents face à sa mission d'enseignement, ne contredit pas un portrait de la face interne du même individu qui rêve d'un silence où laisser s'épanouir une parole, pourtant bienveillante, si malmenée. C'est en tout cas ainsi que j'ai reçu la "Journée de la jupe" : un scénario expressionniste pour une réalité trop tue et qui, par là, tue, ronge, fait honte.

De toute évidence, il y a malaise dans l'école française, mais ceci n'a rien de nouveau. Par contre, que deux films l'expriment, aussi bien, et de ces deux manières, est peut-être le début de quelque chose. D'un langage (cinématographique pour l'instant) qui reprendrait le dessus. D'une parole qui commencerait à se former sans honte. D'une revalorisation de ce métier, de sa dureté, de sa pénibilité. De son importance.

Et pour la peine je dédie ce post à Grégory, qui enseigne et en est si fier.

mercredi 29 décembre 2010

Et le schmilblick avance, comme il peut

Quand j'arrive à écrire, je me demande pourquoi des fois j'y arrive pas.
Et quand j'arrive pas à écrire, je me demande comment, des fois, j'y arrive.

mardi 21 décembre 2010

Sang

Fantômes de vivants marchant sur le fil de leurs rêves
qu’une Parque au sourire vient couper tout à coup
Fils gluants de sang immortels abattoirs
Egorgements et toujours ce sourire
La Parque a ses ciseaux en main et s’agite
Fantômes d’humains marchant plus vite
Vers le point d’impact et le sang coule
Et cette goutte tombe dans le néant.

[texte retrouvé en rangeant... daté de l'année de mes 18 ans!]

mardi 14 décembre 2010

Ecrire

Heureusement qu’il y a : l’écriture. Elle me vide et me console, me fait progresser souvent, et parfois, même, c’est beau. Seule face à moi-même et pourtant très au-monde, je peux avancer dans le royaume infini de la connaissance que nous n’aurons jamais de tout ce qui nous entoure, et de ce qui entoure ce qui nous entoure – avancer disais-je, à pas feutrés, à tâtons, et personne ne me le reprochera. Pas besoin de notes de bas de pages pour être légitime, juste la sincérité sans doute, se suffisant à elle-même quand elle est polie par un juste travail.

Heureusement qu’il y a : écrire, dans un monde sans structure où tu cherches toute ta vie ta place ; au moins, le crayon au bout des doigts, tu as le droit de te demander ce que tu fous là, et bizarrement, le fait de poser la question emmène ton angoisse un peu plus loin, vers un autre monde fait d’histoires qu’on raconte et dont on ne sait jamais vraiment si elles sont arrivées ou pas, ni si on est censé les croire. Et l’angoisse partie, il reste la vie et ça c’est bon : rire et pleurer, manger, boire et faire l’amour.

Ecrire, depuis que j’ai commencé vraiment, me sauve de l’enlisement des jours dans les semaines et des semaines dans les années. Comme si j’avais la possibilité d’échapper aux sables mouvants, même pas très longtemps juste un peu, comme si quelque chose était possible au milieu de ce grand foutoir, de toute cette merde. Au moins me sauver, moi ; pour les autres je ne peux rien garantir – mais simplement : arracher un sourire, une larme, une émotion ; mais juste : raconter une histoire ridicule inscrite dans la mégagalaxie de toutes les autres qu’on se raconte depuis les limbes de l’humanité, et qui nous guérissent à notre insu.

Ainsi, j’habite le monde en l’écrivant, et ce travail me le rend supportable. Enfin, presque.

mercredi 24 novembre 2010

A' Ce...

Mythique! Un extrait de Intervista de Federico Fellini, véritable testament cinématographique en hommage à Cinecittà (1987). Et toujours cet humour populaire, décrit avec une telle tendresse.

mercredi 17 novembre 2010

La programmation expliquée au Petit Bull!

Roma : quel film - et quelle bande son!


Vu pour la troisième fois Roma ce soir, mais pour la première fois seulement sur grand écran... Et ça décoiffe! La bande son prend toute son ampleur et restitue le merveilleux brouhaha populaire peint par le Maestro dans la Rome des trattoria et des cabarets de l'immédiat avant-guerre. Avec quelle tendresse Fellini rend le dialecte romain, ses proverbes, sa force verbale, ses blagues d'hommes et ses invectives de femme! Et puis les gueules et les caractère populaires, et tous ces défilés, des putes aux cardinaux, saisissants, étonnants et tellement pleins d'humour! Tout est vrai, plus vrai que nature, et quel régal pour les yeux! 

Et puis la Rome moderne, bruyante aussi mais autrement, vrombissant de machines, de métro et de vespas, pleine d'étrangeté, d'un désordre effroyable, assourdissant, où l'on perçoit déjà la critique fellinienne (qui ira s'approfondissant) de la société moderne et de la perte du peuple. Mais il me semble que le regard de Federico rende tout autant sa fascination de cette étrange modernité, que sa critique. Le désordre romain, de l'Antiquité à l'avant-guerre et jusqu'aux années Soixante-dix, époque du film, reste présent et rend insaisissable toute vision d'ensemble de cette Ville énorme et tellement pleine de sens (au pluriel). Y avait-il meilleure façon de rendre hommage à cette métropole aux mille visages?

Courez voir et écouter Roma, encore sur grand écran dans le cadre des 5es Rencontres du Cinéma italien de Grenoble au Cinéma Le Club :

- lundi 22 à 18h30

- mercredi 24 à 13h30

Toute la programmation sur www.dolcecinema.com

vendredi 12 novembre 2010

mardi 9 novembre 2010

samedi 6 novembre 2010

Fellini's nightmare!


Pour l'ouverture des 5es Rencontres du Cinéma italien de Grenoble, consacrées à l'univers de Federico Fellini, Dolce Cinema propose une nouvelle création de ciné-concert.

A partir des images et de l'univers de Toby Dammit, le film le plus rock'n'roll et moderne de Fellini, Baptiste Bouquin (saxophoniste du Surnatural Orchestra et compositeur de musiques de films) entouré de talentueux musiciens, imagine un spectacle musical halluciné, exploitant l'atmosphère cauchemardesque de ce road-trip suicidaire pour créer une partition abstraite et énergique, déjouant nos a priori sur l'univers fellinien... 

Entrée 12/10/8 euros - Résas conseillées : dolcecinema(at)gmail(point)com

lundi 25 octobre 2010

A trop rêver d'aimer


Le chef op, juché sur une baignoire, éclaire l'univers du réal qui dans l'ombre de ses pensées fume une clope...

Sur le premier jour de tournage en intérieur du court-métrage "A trop rêver d'aimer" de Mathieu Slosar (Winmad), j'ai remplacé la scripte empêchée pour la journée. Expérience intéressante et enrichissante...

... Du cinéma, du cinéma, du cinéma!

lundi 18 octobre 2010

Et après

[Photo Christian Rudelin]                             

Je me réveille d'une aventure qui n'a duré qu'une nuit - et pourtant plus d'un mois. Depuis le tournage mes sens reviennent au monde tel qu'il est. Et me voici dans la rue à relever le col de mon manteau pour faire face à l'hiver, qui n'a attendu que la fin de notre travail en extérieur pour se pointer définitivement. Me voilà dans les rayons de la FNAC à découvrir les offres de Noël, si scandaleusement précoces, mais qui tout de même indiquent le sens d'un calendrier que j'avais oublié. Et je passe Place Notre Dame à midi et j'entends encore les cris d'Esmeralda ; je vois jaillir l'eau de ses bras encolérés sur une foule hilare. Je longe le manège bâché de la Rue Poulat ce soir et derrière moi, pourtant, j'en suis sûre, des lumières chaudes illuminent les sourires des enfants grands et petits qui s'en donnent à coeur joie, tournant jusqu'au vertige.


Le monde tel qu'il est revient à moi, avec sa pesanteur, la pesanteur de mon corps qui tombe dans les escaliers vendredi d'ailleurs, et les petits désirs insignifiants assignés à nos êtres par la publicité quand nous ne vivons pas vraiment. Qui voudrait acheter un écran plat, une figurine Barbapapa, ou un flacon d'eau de toilette Calvin Klein, au moment où il peut vivre ce que nous avons vécu? Le besoin matériel inutile est banni de ces moments de création ; les objets et instruments techniques y trouvent leur place nécessaire, leur fonction, sans accumulation stupide ni désir vide.

Je n'ai aucun mal à m'avouer que je ne veux rien d'autre que continuer à faire ça.

jeudi 14 octobre 2010

Merci

[Photo Christian Rudelin]                         

Aujourd'hui, j'ai tenté d'exprimer ma gratitude à l'équipage du navire...

"Bonjour Toulmonde,

... Deux jours de sommeil complet n'ont pas suffi à me sortir de l'étourdissement où m'a menée toute l'énergie partagée dans cette aventure. Moi aussi, je vous aime! Alors je veux vous écrire quelques bribes de reconnaissance, en attendant de vous revoir pour vous les dire et vous serrer dans mes bras, très vite, j'espère.

Merci à tous de m'avoir permis de vivre ce rêve éveillé. 
Mieux : merci d'avoir voulu le vivre vous aussi, d'y être entrés, de l'avoir habité, construit, d'avoir veillé sur sa naissance avec une rare amitié.
Merci  d'avoir accepté les conditions de travail et de budget que nous avions à vous offrir.

Merci aux complices de la première heure, Abdellah, Christian, Guillaume et Jessica (en ordre alphabétique ;) ), pour un engagement incroyablement plein et généreux. Merci de m'avoir prévenue de l'arrivée de la Voix. Merci d'avoir guidé de façon avisée et bienveillante cette entreprise. Merci pour vos bras qui retiennent et soutiennent quand la fatigue guette. Merci pour les rires et les repas partagés. Merci pour le temps passé. Merci d'être encore là aujourd'hui.

Merci à vous les acteurs, pour la folie, le rire, les couleurs que vous avez apportées aux jours et aux nuits. Merci pour votre patience dans le froid et entre les prises. Merci d'avoir donné corps, voix et rires à ce rêve fellinien.
Merci pour vos propositions : pour être entrés dans un esprit de création collective où chacun a pu prendre sa place et créer l'un avec l'autre.

Merci à vous les techniciens, à qui je tire très bas ma casquette, pour le boulot de précision et de rigueur réalisé toujours dans l'ombre et le silence mais sans quoi rien de ce rêve ne serait devenu image ni son. Merci pour l'exigence que j'ai vue dans le travail de chacun d'entre vous, de la création à la finition, et du début à la fin de la nuit. Merci pour les transports, les chargements et déchargements de matériel, les mises en place encore au petit jour, et malgré tout les sourires dans ces nuits trop longues. Votre travail est inestimable.
Merci aussi de votre bienveillance envers mon peu d'expérience. Vous avez partagé avec moi votre travail, répondu patiemment à mes questions, et ainsi j'ai reçu un incroyable cadeau : découvrir vos métiers, vos savoir-faire, par un partage avec vous.

Merci à la régie d'avoir planifié et réalisé le comblement des estomacs : de la collecte de recettes aux matinées de courses, des heures de préparation de la pitance à son transfert et son stockage, du montage de tentes au service de la soupe, vous avez nourri sans relâche les corps qui travaillaient à cette folie.

Merci à l'équipe de blocage des rues pour son efficacité, son abnégation, son travail indispensable mais ingrat et difficile, tout cela dans une discrétion rare. La nuit inhabitée de notre film est la vôtre.

Merci aux maquilleuses pour le travail créatif, pour les propositions, pour le bodypainting ou peu s'en faut, pour l'improvisation sur barbe ;). Merci d'être restées debout sur le pont dans les nuits de retouches en extérieur.

Merci Adèle, ma costumière préférée et totalement polyvalente, préposée aussi au renfort carreaux de chocolat et au gardiennage de clefs.

Merci à tous ceux qui ont d'une façon ou d'une autre contribué à constituer notre matériel de travail, costumes, maquillage, caméras, matériel son, lumière, voitures, bouilloires, tapis magiques, boule de cirque et j'en passe.

Merci à Christian d'avoir immortalisé avec talent ces quelques jours et nuits magiques, dans une discrétion qui me laisse sans voix. Merci à Gilles et Marie de nous avoir, eux aussi, gentiment mitraillés.

Merci enfin pour toutes les choses que je ne sais pas (encore) et qui ont permis dans l'ombre la réalisation de ce projet.

Cette aventure ne prouve qu'une seule chose : seuls nous ne pouvons rien, mais ensemble nous pouvons aller très loin.

... Je termine ici ce mail lyrique et larmoyant, voire kitsch, que vous aurez la gentillesse d'excuser sous le coup de l'émotion :)

A très bientôt pour faire la fête!!!

Geneviève"

jeudi 30 septembre 2010

J-3 avant le tournage

Dans trois jours on tourne ; depuis trois jours je ne dors quasiment plus. Ce n'est pas du stress, c'est l'état d'une droguée. Un état euphorique, légèrement inquiétant : la descente ne doit pas être évidente. Mais je n'ai pas beaucoup le temps d'y penser en ce moment : je fais ce qu'il y a à faire. 

Tant de gens réunis pour réaliser quelques petites minutes de rêve, c'est ... difficile à croire et ... pourtant, c'est là, bien réel. Une énergie qui circule, généreusement... Une conjonction de talents de natures différentes... Des rencontres... 

Et jamais résoudre des problèmes et faire des concessions pour arriver à matérialiser une idée ne m'a paru aussi passionnant.

Le coeur gonflé d'énergie donnée et reçue, je me surprends à rêver que cette aventure ne soit que la première d'une longue série.

jeudi 23 septembre 2010

Manif

mardi 14 septembre 2010

Juste faire un peu de cinéma

On me l'avait dit pourtant, que le cinéma c'est le rêve, mais moi, ça ne m'avait pas toujours fait rêver. Mon imagination était plus à l'étroit devant un écran que face à la scène d'un théâtre, avec ses bouts de ficelle et le jeu qui sourd des poitrines et des corps. Le public et l'acteur, ça me faisait vibrer ; entre eux un espace vide mais palpable d'ondes indéfinissables ; un échange qui est l'essence même du sens comme partage, construction commune ; sur scène un jeu où se joue le monde, le symbole.

Dame, je voulais parler de cinéma et je cause de théâtre. On ne se renie pas comme ça...

Mais oui, en en faisant, enfin je comprends que le cinéma c'est le rêve. Au lieu du rêve du dedans, c'est le rêve du dehors, avec toute la réalité à malaxer avec nos outils et notre fourberie. Il faut être malin au cinéma, et surtout, ne pas fixer de limites à son cadre, pour pouvoir bien cadrer ensuite. Tout est illusion, mais une illusion basée sur une réalité reproduite avec tant de fidélité, que le vertige en est saisissant. A devenir l'artificier d'un tel brûlis de réel, on sentirait presque l'odeur du soufre.

Je sens des ailes me pousser à imaginer ma réalité prendre corps et ce simulacre, à la fois semblable et différent de celui de la représentation théâtrale, m'apparaît comme un gigantesque éclat de rire, une farce monumentale, un amusement de gosse.

Si vraiment c'est un métier, alors, c'est celui-là qu'il me faut.

samedi 11 septembre 2010

Fête de l'huma



jeudi 19 août 2010

mercredi 18 août 2010

mardi 17 août 2010

Chianni, Toscane


dimanche 15 août 2010

Bologna




samedi 14 août 2010

vendredi 13 août 2010

mercredi 11 août 2010

Volterra, Toscane



Il manque juste la BO des guitaristes attitrés de ces vacances...

Chianni, Toscane

Cantucci e vino santo. Amen.

lundi 9 août 2010

dimanche 8 août 2010

Un dessin animé pour sourire à nos vies!

Tant de choses à faire dans nos vies et si peu de temps pour y arriver! Et pourtant, il y a de l'espoir... Le destin d'une mouche croqué par Michael Reichert dans ce petit format animé de 2008.

jeudi 29 juillet 2010

Chapelier fou : oui, mais...

Bien que je salue la performance, impressionante, du Chapelier fou qui se produisait en concert de clôture du Cabaret frappé 2010, je suis plutôt restée sur ma faim. On m’avait vanté un nouveau Yann Tiersen, mais je n’ai pas trouvé beaucoup d’émotion dans la prestation fournie. Les couches électroniques - certes élaborées live par un homme seul sur scène - se suivent mais se ressemblent, en tout cas sufisamment pour ennuyer à la longue. Le procédé, relativement répétitif, de superposition et d’enrichissement progressif du son, au demeurant très réussi techniquement, ne réussit pas à emporter l'adhésion du coeur. D’autant que les mimiques et grimaces du Chapelier accompagnant sa musique dépassent les limites du regardable ; ou de ce qu’il est possible de regarder sans être déconcentré. Bilan mitigé donc, même si je suis satisfaite d’avoir assisté à cette prestation, pour le moins particulière, mais qui ne m’a pas transportée.

lundi 26 juillet 2010

mardi 20 juillet 2010

dimanche 18 juillet 2010

Le pétrole, c'est fini pour JR

Une pub qui en dit long sur notre futur

Qui ne se souvient pas de J.R. Ewing, le roi du pétrole de Dallas? Tous ceux qui ont vécu les années Quatre-vingts, même s'ils n'étaient que de petits enfants, gardent son personnage de Méchant gravé dans leur inconscient!

Alors, baser une campagne commerciale pour l'énergie solaire sur cette figure symbolique qui résume une certaine époque, un état d'esprit, une arrogance américaine, il fallait oser! Un J.R. aux cheveux blancs qui vend des panneaux solaires, c'est vraiment un très, très joli coup. Il y a bien sûr le thème de la reconversion, le rachat sur le tard de l'homme machiavélique (d'autant plus qu'aujourd'hui le pétrole fait vraiment mauvaise figure au niveau écologique). Mais on se dit aussi que l'ancien homme d'affaires n'est pas devenu complètement gaga, et que s'il s'intéresse au solaire, ce doit être aussi parce que c'est un bon business...



A noter, le slogan de la campagne, "Shine, baby, shine !" ("Brille, bébé, brille !") est une allusion ironique au slogan de Sarah Pallin en faveur de l'exploitation des puits de pétrole dans les parcs naturels d'Alaska, "Drill, baby, drill !" ("Fore, bébé, fore !"), lors de sa candidature à la vice-présidence des Etats-Unis en 2008.

Pour ne rien gâter, l'acteur Larry Hagman est, en réalité, un fervent défenseur des énergies renouvelables, et ce, depuis longtemps! Il a siégé au CA de Solar Electric Light Fund, une association qui installe des équipements solaires dans les pays du Tiers-Monde. Et la compagnie SolarWorld pour laquelle il a aujourd'hui, à 78 ans, tourné plusieurs spots publicitaires, travaille avec Self pour équiper des cliniques à Haïti.

On peut voir dans cette vidéo les équipements solaires de sa propriété...



Dans l'interview ci-dessous, il explique ce projet et son choix pour l'énergie solaire.

Fascinante verrière photovoltaïque :

850 mètres carrés de capteurs !

En ce mois juillet extrêmement ensoleillé, l'énergie photovoltaïque semble plus que jamais d'actualité!

A l'occasion de la Semaine des Entreprises publiques locales (EPL) en juin dernier, la GEG (Gaz Electricité Grenoble) organisait une visite de ses installations solaires sur le site industriel jouxtant Minatec. On peut y admirer une impressionante verrière photovoltaïque de 850m². Couvrant entièrement les toits de deux ateliers, cette verrière les relie en formant entre eux un espace dédié au (dé)chargement de véhicules, protégé autant du soleil que de la pluie.

Comment ça marche ?

Les panneaux sont composés de cellules solaires photovoltaïques : des semi-conducteurs capables de convertir directement la lumière en électricité, grâce à l’« effet photovoltaïque » (PV). L’installation-verrière a une capacité de production de 349 watt/m² et a produit, depuis sa mise en place le 17 octobre 2007, 181 483 watt, évitant ainsi le rejet de 67 149 kg de CO2.

L’énergie ainsi produite est réinjectée sur le réseau ; elle alimente alors les compteurs des particuliers et le bâtiment EDF lui-même. Avant cela, le courant continu produit est transformé en courant alternatif (compatible avec le réseau électrique 230 V / 50 Hz) grâce à 18 onduleurs fonctionnant en continu et situés dans les deux ateliers.

Le même système fonctionne d’ailleurs pour les particuliers, qui peuvent revendre à EDF (ou à une régie locale), en totalité ou en partie, l’électricité produite par leurs installations photovoltaïques. Gain : 15 centimes d’euro le kW/h (30 dans les DOM et en Corse).


Luminosité, capteurs de présence, solaire thermique : d’autres bonne idées

Au-delà de sa verrière recouverte de panneaux photovoltaïques, ce « bâtiment à énergie positive » est entièrement équipé de capteurs de présence et de luminosité qui ont rendu inutiles la pose d’interrupteurs. En outre, les plafonds des ateliers ne touchent pas les murs afin de permettre une entrée supplémentaire de lumière naturelle.

La visite a continué avec un bâtiment à haute performance énergétique, équipé de panneaux photovoltaïques opaques. Ceux-ci, collées au bac acier de la toiture, ajoutent à son étanchéité. Trois autres panneaux solaires complètent le dispositif : deux photovoltaïques produisent de l’électricité comme la verrière ; un troisième, thermique, capte la chaleur nécessaire à chauffer l’eau du restaurant d’entreprise.

Le raffraîchissement par échange avec la nappe phréatique : une climatisation intelligente

En été, un forage à 20 mètres permet de ramener dans les circuits de chauffage du bâtiment de l’eau fraîche qui « climatise » (ou plutôt « rafraîchit » : c’est le terme exact correspondans au procédé) le bâtiment. Une fois réchauffée, cette eau est réinjectée plus loin dans la nappe souterraine. Le dipositif est rendu possible par la présence d’eau à Grenoble dès 3 mètres de profondeur. Cet échange avec la nappe phréatique a d’ailleurs été mis en oeuvre dans la conception du nouveau centre commercial de la Caserne de Bonne, dont le projet de réhabilitation a reçu le label Ecoquartier. Seul « hic », mais on le conçoit aisément, ce système ne peut être généralisé de façon sauvage, afin de préserver les équilibres souterrains.

jeudi 8 juillet 2010

Le film d'animation tchèque s'invite à Grenoble


Le 33e Festival du court-métrage en plein air de la Cinémathèque de Grenoble a ouvert ses portes hier pour cinq journées bien remplies! Entre la compétition, les débats avec les réalisateurs, la nuit blanche du fantastique (vendredi) et plusieurs séances spéciales, il y a de quoi se régaler - gratuitement qui plus est.

Le Festival consacrait aujourd'hui une séance au cinéma d'animation tchèque, proposant une sélection de créations récentes (2003-2009) issues de la vitrine de l'animation tchèque : Anifest, un festival qui soufflera l'an prochain ses 10 bougies.

Les Tchèques sont mondialement réputés dans le domaine de l'animation, qui a connu ses heures de gloire dans les années 50 avec la nationalisation du cinéma dans la Tchécoslovaquie libérée. S'éloignant des gags américains, l'animation tchèque s'est notamment spécialisée dans l'utilisation et le perfectionnement de poupées et marionnettes. L'après-1989 a été moins fastueux, avec des difficultés dûes à l'assèchement des crédtis d'Etat, péniblement relayés peu à peu par les financements télévisuels. La situation s'est améliorée depuis 2000, avec l'affirmation d'une nouvelle génération de maîtres de l'animation. (Pour un article approfondi sur l'histoire de l'animation tchèque, voir ici.)

Aujourd'hui, c'est donc le renouveau de l'animation slave qui nous a été présenté à la Cinémathèque, avec des scénarios et des techniques très variées.
Mes coups de coeur :

"Hrouda / The Clod" ("Motte de terre") de Jaromir Plachy (2007) : précis, simple, drôle, touchant.





Et "Chybicka se vloudi!" ("La boulette!") d'Aneta Kyrova (2008),
où l'on voit un bébé ours et un bébé humain échangés à la naissance... et des parents plutôt dépassés par la situation!
Imaginatif et drôle également.


dimanche 4 juillet 2010

Cavale aérienne


Aller voir absolument "Cavale" à la Bastille, le spectacle de jeunes créateurs acrobates qui trampolinent sur les nuages depuis le toit de Grenoble... Une poésie rare, de la légèreté pour faire décoller nos vies pesantes. Dernière représentation demain dimanche à 19h. Et en plus, c'est gratuit!


--> Cavale. Compagnie Yoann Bourgeois. Avec Yoann Bourgeois et Lucien Reynes.

--> Une description du spectacle sur le site de la MC2 de Grenoble.

mercredi 23 juin 2010

Un avis sur la débâcle bleue

N'ayant pas grand-chose à dire sur la direction désastreuse de la Fédération française de football qui a si longtemps maintenu Raymond Domenech en fonction (record de longévité au poste d'entraîneur, avec pourtant les résultats qu'on sait), j'écris quelques lignes sur l'attitude de la presse dans cet épisode bleu délavé.

Mon père avait raison : pourquoi vouloir faire s'exprimer les sportifs ou les chanteurs? Ce qu'on leur demande, c'est de faire du sport ou de chanter. En somme, chacun à sa place, et les vaches seront bien gardées... C'est sans doute là que les média sont coupables : pour s'être appuyés sur des propos de vestiaires qui, certes, ne sont sortis qu'à la faveur d'une traîtrise révélatrice d'un malaise, mais dont ils se sont gargarisés comme de faux imbéciles qui ignoreraient le franc-parler de la vie interne d'une équipe. Pour créer des événements qui sont devenus la raison d'être de leur métier, les journalistes construisent depuis des années une illusion (tout le monde peut s'exprimer et ces propos ont tous du poids) à laquelle presque tous, public et joueurs, ont fini par donner du crédit. Résultat : le jeu, le sport disparaît devant des manoeuvres et des déclarations de footballeurs dignes d'un déballage de parti politique en crise, alors que nous, on voulait juste voir quelques beaux matches, et s'exprimer par des cris inarticulés, si possible de joie.

Et ça continue : aujourd'hui, les médias se demandent si l'image éducative du football n'est pas mise à mal, et vont filmer des gamins de dix ans en leur demandant pourquoi ils ne portent pas le maillot de l'Equipe de France et en leur extorquant des "C'est pas ça le football pour toi?" "Non." Evidemment! Nous aussi, on aurait préféré qu'ils gagnent. Mais l'image éducative néfaste, elle vient peut-être de plus loin... D'une qualification pour le Mondial par une faute de main, sur laquelle les officiels ont fermé les yeux au lieu de faire rejouer le match, parce que c'était plus facile, mais tellement lâche au fond... Des sommes colossales engrangées par les joueurs aussi, sommes qui encouragent les carrières individualistes dans des clubs n'exprimant plus les valeurs collectives liées à la nation... Or il ne faut pas être nationaliste pour avoir conscience que c'est la nation qui attendait de vibrer : il suffit d'un peu de sens populaire. Mais cela semble être devenu une denrée rare aujourd'hui...

mardi 15 juin 2010

Le portable qui se recharge à l'énergie solaire

Le Samsung Blue Earth S7550 se recharge entièrement à l'énergie solaire et arbore un boîtier recyclé à partir de plastiques PET. Sans entrer dans le débat marketing/écologie (les produits intégrant des capteurs commencent à se multiplier, sans doute pour des raisons plus commerciales qu'écologiques, mais doit-on s'en plaindre pour autant?), on peut considérer qu'on est face à un produit plutôt intelligent et attirant... à découvrir par exemple ici.

mardi 8 juin 2010

Metropia

Ce long métrage d'animation pour adultes du Suédois Tarik Saleh (2009) montre, dans un futur proche à l'atmosphère dark, un monde gris suffocant très réussi, où les fantasmes existant autour des nanotechnologies sont devenus réalité. Metropia conte l'histoire de l'entrée d'un homme en rébellion, et fait de ce point de vue penser de façon très (trop?) nette au 1984 de George Orwell. La différence tient notamment au thème des relations humaines, traité avec moins de noirceur idéologique que dans 1984 ; les ambitions personnelles, les désirs, les amours et les instincts solidaires des personnages sont explorés comme si rien n'avait changé en 2024 ; l'ambigüité de la nature humaine est conservée. Ce trait a pourtant le défaut d'affaiblir le final du scénario : l'intrigue politique concentre les conclusions cyniques, alors que parallèlement peuvent subsister entre les êtres des gestes de tendresse, d'amitié, d'entraide, de bienveillance. Du coup, on sort de la séance avec des sentiments partagés, comme un peu toujours dans la vraie vie, comme si les "méchants" restaient hors de nos foyers, là-haut, très loin, dans les sphères du pouvoir. Bref, on regrette un peu l'absence de conclusion forte du scénario, qui ne prouve pas grand chose bien qu'il aligne les bonnes idées pas toujours suffisamment exploitées. Ainsi, la géniale vision d'un métro reliant toutes les villes d'Europe n'assume pas réellement de fonction narrative, si ce n'est celle d'un décor démontrant l'inutilité des avancées technologiques pour rapprocher les êtres, et la mainmise de forces occultes sur ces inventions ; on aurait pu en tirer beaucoup plus. De même, le jeu télévisé "Asylum" qui permet chaque soir à un réfugié de gagner une place en Europe alors que le siège éjectable des trois autres les ramène violemment hors des frontières européennes, ne sert elle aussi que d'illustration du monde de la fiction, mais ne participe pas du scénario principal. En somme, une version de 1984 dont on pourrait sortir en "gardant espoir". Reste le dessin, surprenant, de ces personnages aux têtes disproportionnées par rapport aux corps, et de ce monde urbain apocalyptique, sans saisons : on passe un excellent moment en se régalant les yeux, l'animation donnant une dimension nouvelle au style d'histoire racontée.

Voir la bande-annonce officielle sur youtube.

lundi 7 juin 2010

L'illusionniste

Le nouveau long métrage de Sylvain Chomet est une fable désenchantée qui fout un peu le bourdon, mais avec une poésie extrême. Elle raconte l'aventure d'un fantaisiste déjà vieux et d'une jeune servante d'auberge écossaise qu'il prend sous son aile. A la fin des années Cinquante, dans un monde qui tourne mécaniquement autour de l'argent, du commerce et de la publicité, le pauvre univers de fantaisie et de rêve de l'illusionniste ne fait plus vraiment le poids. Mais pour servir les rêves de la femme-enfant qui voudrait devenir une dame élégante, il se prive et travaille, se sacrifie en secret. Ainsi, il transformer la misère par la magie - la vraie magie, généreuse, celle qui vient du coeur, qui travestit la réalité aux yeux de l'autre pour lui faire vivre un moment de grâce, légèrement. Mais à quoi bon être ce genre de magicien? C'est la question avec laquelle nous laisse Chomet, au terme d'un parcours au rythme dilaté dans lequel il faut se couler pour en profiter pleinement. Les images déroulent comme si un invisible magicien tournait devant nos yeux les pages d'un gigantesque album animé, dans une quasi-absence de dialogues qui ne gêne absolument pas la compréhension mais, au contraire, repose l'oreille et permet à l'oeil de jouir du dessin, des images quotidiennes, des petits suspenses, des répétitions comiques. Ce long métrage d'animation est la réalisation d'un scénario original de Jacques Tati, qu'il n'a jamais pu ni voulu tourner en raison de la proximité du sujet de son histoire personnelle. Chomet lui rend hommage avec style et élégance, en utilisant sa propre identité graphique, qui montre une étonnante compatibilité avec l'univers du cinéaste de M. Hulot. Un appel vibrant à la poésie du quotidien et, en quelque sorte, à la résistance.

Voir la bande-annonce officielle sur youtube.
Un extrait que j'aime bien, avec des trains, qui évoque le voyage...
Une interview de Sylvain Chomet en vidéo et une autre, écrite.
Le site du film.
Et un article qui dévoile l'histoire personnelle de Tati de laquelle est née le scénario.

Happiness, on veille sur vous


Une découverte hilarante faite au Festival d'animation d'Annecy! Mathieu Maillé projette pour la télévision une série déjantée : "Happiness, on veille sur vous". On espère en voir très bientôt des épisodes sur les écrans. Le héros, ou plutôt super-héros, de la série, est un gros oiseau jaune nommé Jean-Pierre. Muni d'un "happyscan", il repère les personnes en difficulté et va tenter de réaliser leur bonheur. Son arme : la publicité, où il croit trouver les recettes de la félicité. Mais le plus souvent, ses interventions provoquent des catastrophes plus qu'elles ne résolvent les problèmes... Mention spéciale aux dialogues et aux voix, complètement irrésistibles. Vite vite, diffusez "Happiness" sur le petit écran!

Quelques images du personnage sur youtube.
Et des photos du studio de tournage.

Accent belge douteux...

Parmi les longs-métrages en compétition au Festival du film d'animation d'Annecy cette année, on trouvait "Allez raconte!" de Jean-Christophe Roger, issu du livre puis de la série télévisée du même nom. J'ai trouvé le graphisme et la couleur pas toujours très intéressants, et parfois même criards, mais le scénario partait d'une bonne idée : un concours du papa qui raconterait les meilleurs histoires à ses enfants. Cela ne pouvait évidemment que séduire mon goût pour le film de narration! Le film déroule donc diverses phases d'une véritable "compétition" télévisée, entre des papas très différents : le papa-héros, timide et peureux mais inventif en diable, le méchant papa, qui triche pour faire gagner à tout prix son fils unique gâté, le papa sérieux, qui nourrit sa ribambelle d'enfants de récits historiques, etc. Les histoires que chacun raconte sont inégales, avec des thèmes intéressants mais pas toujours traités à fond. Cela dit, les situations sont variées et émaillées de gags destinés aux parents ; tout le monde peut passer un bon moment, sans plus.

Une chose cependant m'a chagrinée, et chagrinée beaucoup. Le papa belge. En effet, le film place dans la bouche de ses personnages - ce qui est extrêmement louable - les différents accents de la langue française telle qu'on la parle en France, en Belgique, au Luxembourg, au Canada, etc. Mais il est assez consternant de voir la caricature extrême qui tient lieu de papa belge, alors qu'il n'y a pas caricature pour les autres personnages francophones. Le papa belge est grossier, ordurier, vulgaire, bagarreur, les enfants sous-entendent qu'il bat sa femme... et il raconte une "histoire de cacas" qui horrifie les spectateurs du concours sur l'écran - et consterne la Belge que je suis dans la salle. Ce qui me gêne n'est ni la présence d'une histoire scatologique dans le film (cela reflète effectivement une certaine facette du goût des enfants), ni même (quoique déjà plus gênante) l'impression que ce devait évidemment être le personnage belge qui la raconterait, mais bien le fait de construire le personnage belge autour d'un ramassis d'images repoussoir. J'ai trouvé cet élément vraiment douteux, et pourtant, je pratique régulièrement l'auto-dérision sur ma nationalité et les accents de nos contrées wallonnes et bruxelloises. Mais trop, c'est trop : trop facile, et trop vulgaire.

Voir le teaser sur dailymotion.

jeudi 3 juin 2010

Et les fleurs poussent, malgré tout

En marchant à Grenoble, dans le quartier Berriat, on voit du béton et des fleurs, des fleurs et du béton... Qui vaincra?




mardi 25 mai 2010

"Lumières sur la Bastille", 3e édition

Le site grandiose de la Bastille enchaîne les soirées musicales réussies. Ce weekend se tenait la 3e édition du festival "Lumières sur la bastille" ("LSB"), avec vendredi des scènes électro et drum'n'bass : Brain Damage, Pulpalicious et Foreign Beggars pour ne citer que les plus mémorables. En ce qui me concerne, je saluerai particulièrement la prestation de Pulpalicious qui a envoyé un son lourd et dense vraiment libérateur ; on comprend qu'ils soient devenus en quelques mois les espoirs de la scène électro française. Quant à Brain Damage, le duo stéphanois continue d'étonner après dix ans de succès international. Bref, de très beaux moments grâce au bienvenu répit de la pluie, sans lequel le public aurait sans doute été moins nombreux pour ces concerts en plein air. Le samedi, la scène était rock, mais n'ayant pas assisté au concert, je ne commenterai pas! Des animations ont également occupé le site pour la joie des familles samedi et dimanche. Une belle organisation, signée Aphazic et La Métamorphse, avec aussi la présence de Narkolepsy, qui assurait l'animation vidéo du site par des projections géantes sur ses murs. Que vive la Bastille!

jeudi 20 mai 2010

Joli coquelicot

Quand les transports en commun grenoblois sont en grève, on prend ses deux pieds pour marcher!
Ce qui donne l'occasion de s'attarder le long de la route qui mène au campus, pour goûter à la teinte palpitante et éphémère du coquelicot...

mardi 11 mai 2010

Pinerolo, Provincia di Torino

Il ne fait pas très beau la semaine où je rejoins l'association La Terra Galleggiante et son Teatro del Lavoro, pour donner un coup de main à la préparation du Festival international de marionnettes et de théâtre d'ombres de Pinerolo. Mais je découvre une charmante localité du Piémont et une famille de marionnettistes et de musiciens vraiment accueillante.









jeudi 22 avril 2010

Pauvre Belgique, pauvres Bruxellois

Un mois que je me trouve en Belgique et, alors que je suis sur le départ, éclate une nouvelle crise institutionnelle. Pour simplifier, ce qui fait tomber - encore une fois - le gouvernement, c'est l'impossibilité de trouver un accord sur la scission d'un arrondissement électoral, celui de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Les Flamands souhaitent que cet arrondissement (qu'on peut pour simplifier qualifier de "bilingue") soit scindé entre Flamands et francophones afin d'en récupérer une partie ; or, cette zone une fois rattachée au territoire flamand permettrait d'encercler littéralement Bruxelles à l'intérieur de la Flandre. A l'horizon, on imagine une déclaration d'indépendance des Flamands qui tiendraient en otage Bruxelles, ville majoritairement francophone, également siège de l'UE et de l'OTAN, et que le Sud du pays, francophone, ne tient donc aucunement à lâcher. Le dossier "BHV" (Bruxelles-Hal-Vilvorde) empoisonne la vie du pays depuis plusieurs années et a déjà fait capoter plusieurs gouvernements. Ces crises à répétition pèsent sur la gestion des affaires sociales et économiques du pays. Sans parler de la future présidence belge de l'Union européenne (en juillet), qui risque d'être gérée par un gouvernement en "affaires courantes", dans l'attente de nouvelles élections... Quelle image de notre pays, quel gâchis pour un Etat qui, par sa taille et ses compétences diplomatiques, a toujours réussi à insuffler ou favoriser discrètement des avancées au niveau international!

Et puis je reste interdite, en tant que Bruxelloise, sur l'évolution de la Belgique. Les vrais orphelins du pays, ce sont ceux qui sont nés dans les dix-sept communes de la capitale. Ceux pour qui le bilinguisme est malgré tout une certaine culture. Ceux pour qui Bruxelles est le coeur d'une Belgique mixte. Mais nous sommes peu nombreux... Par la passé, j'avais toujours cru que seuls les politiques prenaient avantage de ces crises chroniques pour maintenir leurs carrières, au détriment le plus évident de la bonne entente dans le pays. Aujourd'hui, je ne sais plus. Il me semble que la lassitude pacifiste n'ait survécu qu'à Bruxelles, laissant place au Nord comme au Sud à des positions plus cassantes, empreintes d'indifférence, de fierté ou d'agressivité. Je ne peux que dire l'infinie tristesse que je ressens, en tant que Bruxelloise, à voir la réalité qui fondait mon identité se déliter. Que deviendra ma ville? Nous sentons le sol se dérober sous nos pieds.

La "bruxellité" existe-t-elle, d'ailleurs, encore? Ou n'était-elle qu'un sous-produit de la Belgique destiné à être englouti dans son naufrage? Depuis que je suis ici, dans les rues, je n'entends pas beaucoup de français ni de flamand, mais de l'anglais, du polonais, du russe, du portugais, de l'espagnol, de l'italien. Bruxelles, non-lieu? Lieu en devenir? A tous les coins de rue, des travaux de la voie publique renvoient étrangement à ce chantier institutionnel et identitaire qui nous caractérise.

Et pourtant, être né, avoir grandi, avoir étudié à Bruxelles, cela avait, cela a eu un sens particulier. Mais les temps semblent changer ; le temps "où Bruxelles bruxellait" était peut-être seulement celui du "Grand Jacques", de la "Belgique de Papa" ; et je découvre à retardement combien mon éducation avait des racines dans la fin du siècle d'avant guerre, celui de l'hégémonie francophone où sont nés mes grands-parents - des Flamands déménageant à Bruxelles (et se francisant ainsi) du côté de ma mère, des Wallons du côté de mon père. L'histoire, la politique, se vit à l'échelle la plus individuelle, et mon histoire personnelle reflète profondément notre histoire institutionnelle. Je suis un pur produit de cet Etat bizarre, et mon départ il y a bientôt dix ans de Belgique semble, rétrospectivement, refléter avec ironie le moment où s'est renforcé l'inconfort national qui prend aujourd'hui toujours plus d'ampleur. Car au fond, être là-bas, ou être ailleurs, cela ne changeait, cela ne change pas grand-chose aux doutes qui assombrissent notre fragile sentiment d'identité.

Je voudrais arrêter ce gâchis, et qu'on puisse dompter les peurs réciproques ; qu'il en soit encore temps. A l'heure de l'"Union européenne" (qu'on pense à ce terme!), quel sens a cette énergie consacrée à une déchirure qui fait suite, si longtemps après, au Congrès de Vienne?! Ne pourrait-on sauter l'épreuve de la révolution romantique? Les francophones n'ont-ils pas les moyens de réparer symboliquement le mépris dans lequel ont été tenues - certes - la langue et la culture flamande, durant les premiers temps de ce pays né en 1830? Faudra-t-il en passer par une scission, peut-être par des affrontements physiques? Car je n'imagine pas que le pays puisse éclater institutionnellement sans que les citoyens ne réagissent - au moins les Bruxellois. Je n'imagine pas, moi-même, laisser cela arriver sans investir la rue ; je ne laisserai pas Bruxelles aux mains du premier venu.

Est-ce pour commettre cet infâme gâchis que nous élisons nos dirigeants? Est-ce vraiment "ce que veut le peuple"? L'impasse où nous prenons plaisir à nous embourber doit avoir l'air bien étrange vue du dehors ; du dedans pourtant, tout est clair, et les charges symboliques en jeu sont explosives. L'espoir fait vivre ; l'espoir, c'est que l'on trouve le moyen de guérir la blessure flamande, qui s'est aujourd'hui transformée en extrémisme. Mais, comme on dit en bruxellois : "Ja, en dà geluufd a?!"*

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*"Et tu vas croire ça?"

dimanche 11 avril 2010

Balkan Trafik au Bozar


A l'occasion du weekend « Balkan Trafik! » consacré aux musiques et au cinéma des Balkans, le Bozar est tout ce weekend occupé par d'innombrables concerts et projections. L'idée géniale est d'occuper le Palais comme un espace unique, permettant l'entrée dans les différentes salles un peu comme dans une discothèque, au gré de ses envies. Cela donne un lieu extrêmement vivant, où l'on bouge, où l'on ne se lasse pas, où l'on danse, où cela vit dans les couloirs, dans les salles et aux bars. J'ai trouvé cette occupation de l'espace fantastique. Elle donne au bâtiment construit pas Horta, gloire nationale belge en matière d'architecture, une vie extrême. En effet, le bâtiment comporte une série de salles et de galeries ; c'est un imposant édifice. Quand j'habitais encore en Belgique, je le fréquentais assidûment pour me rendre aux spectacles théâtraux du Rideau de Bruxelles (à l’époque c’étaient encore les « Beaux-Arts », devenus « Bozar » en 2002). Mais ce soir, j'ai découvert ce bâtiment comme jamais je n'en avais eu l'occasion. Une excellente surprise...