mercredi 23 juin 2010

Un avis sur la débâcle bleue

N'ayant pas grand-chose à dire sur la direction désastreuse de la Fédération française de football qui a si longtemps maintenu Raymond Domenech en fonction (record de longévité au poste d'entraîneur, avec pourtant les résultats qu'on sait), j'écris quelques lignes sur l'attitude de la presse dans cet épisode bleu délavé.

Mon père avait raison : pourquoi vouloir faire s'exprimer les sportifs ou les chanteurs? Ce qu'on leur demande, c'est de faire du sport ou de chanter. En somme, chacun à sa place, et les vaches seront bien gardées... C'est sans doute là que les média sont coupables : pour s'être appuyés sur des propos de vestiaires qui, certes, ne sont sortis qu'à la faveur d'une traîtrise révélatrice d'un malaise, mais dont ils se sont gargarisés comme de faux imbéciles qui ignoreraient le franc-parler de la vie interne d'une équipe. Pour créer des événements qui sont devenus la raison d'être de leur métier, les journalistes construisent depuis des années une illusion (tout le monde peut s'exprimer et ces propos ont tous du poids) à laquelle presque tous, public et joueurs, ont fini par donner du crédit. Résultat : le jeu, le sport disparaît devant des manoeuvres et des déclarations de footballeurs dignes d'un déballage de parti politique en crise, alors que nous, on voulait juste voir quelques beaux matches, et s'exprimer par des cris inarticulés, si possible de joie.

Et ça continue : aujourd'hui, les médias se demandent si l'image éducative du football n'est pas mise à mal, et vont filmer des gamins de dix ans en leur demandant pourquoi ils ne portent pas le maillot de l'Equipe de France et en leur extorquant des "C'est pas ça le football pour toi?" "Non." Evidemment! Nous aussi, on aurait préféré qu'ils gagnent. Mais l'image éducative néfaste, elle vient peut-être de plus loin... D'une qualification pour le Mondial par une faute de main, sur laquelle les officiels ont fermé les yeux au lieu de faire rejouer le match, parce que c'était plus facile, mais tellement lâche au fond... Des sommes colossales engrangées par les joueurs aussi, sommes qui encouragent les carrières individualistes dans des clubs n'exprimant plus les valeurs collectives liées à la nation... Or il ne faut pas être nationaliste pour avoir conscience que c'est la nation qui attendait de vibrer : il suffit d'un peu de sens populaire. Mais cela semble être devenu une denrée rare aujourd'hui...

mardi 15 juin 2010

Le portable qui se recharge à l'énergie solaire

Le Samsung Blue Earth S7550 se recharge entièrement à l'énergie solaire et arbore un boîtier recyclé à partir de plastiques PET. Sans entrer dans le débat marketing/écologie (les produits intégrant des capteurs commencent à se multiplier, sans doute pour des raisons plus commerciales qu'écologiques, mais doit-on s'en plaindre pour autant?), on peut considérer qu'on est face à un produit plutôt intelligent et attirant... à découvrir par exemple ici.

mardi 8 juin 2010

Metropia

Ce long métrage d'animation pour adultes du Suédois Tarik Saleh (2009) montre, dans un futur proche à l'atmosphère dark, un monde gris suffocant très réussi, où les fantasmes existant autour des nanotechnologies sont devenus réalité. Metropia conte l'histoire de l'entrée d'un homme en rébellion, et fait de ce point de vue penser de façon très (trop?) nette au 1984 de George Orwell. La différence tient notamment au thème des relations humaines, traité avec moins de noirceur idéologique que dans 1984 ; les ambitions personnelles, les désirs, les amours et les instincts solidaires des personnages sont explorés comme si rien n'avait changé en 2024 ; l'ambigüité de la nature humaine est conservée. Ce trait a pourtant le défaut d'affaiblir le final du scénario : l'intrigue politique concentre les conclusions cyniques, alors que parallèlement peuvent subsister entre les êtres des gestes de tendresse, d'amitié, d'entraide, de bienveillance. Du coup, on sort de la séance avec des sentiments partagés, comme un peu toujours dans la vraie vie, comme si les "méchants" restaient hors de nos foyers, là-haut, très loin, dans les sphères du pouvoir. Bref, on regrette un peu l'absence de conclusion forte du scénario, qui ne prouve pas grand chose bien qu'il aligne les bonnes idées pas toujours suffisamment exploitées. Ainsi, la géniale vision d'un métro reliant toutes les villes d'Europe n'assume pas réellement de fonction narrative, si ce n'est celle d'un décor démontrant l'inutilité des avancées technologiques pour rapprocher les êtres, et la mainmise de forces occultes sur ces inventions ; on aurait pu en tirer beaucoup plus. De même, le jeu télévisé "Asylum" qui permet chaque soir à un réfugié de gagner une place en Europe alors que le siège éjectable des trois autres les ramène violemment hors des frontières européennes, ne sert elle aussi que d'illustration du monde de la fiction, mais ne participe pas du scénario principal. En somme, une version de 1984 dont on pourrait sortir en "gardant espoir". Reste le dessin, surprenant, de ces personnages aux têtes disproportionnées par rapport aux corps, et de ce monde urbain apocalyptique, sans saisons : on passe un excellent moment en se régalant les yeux, l'animation donnant une dimension nouvelle au style d'histoire racontée.

Voir la bande-annonce officielle sur youtube.

lundi 7 juin 2010

L'illusionniste

Le nouveau long métrage de Sylvain Chomet est une fable désenchantée qui fout un peu le bourdon, mais avec une poésie extrême. Elle raconte l'aventure d'un fantaisiste déjà vieux et d'une jeune servante d'auberge écossaise qu'il prend sous son aile. A la fin des années Cinquante, dans un monde qui tourne mécaniquement autour de l'argent, du commerce et de la publicité, le pauvre univers de fantaisie et de rêve de l'illusionniste ne fait plus vraiment le poids. Mais pour servir les rêves de la femme-enfant qui voudrait devenir une dame élégante, il se prive et travaille, se sacrifie en secret. Ainsi, il transformer la misère par la magie - la vraie magie, généreuse, celle qui vient du coeur, qui travestit la réalité aux yeux de l'autre pour lui faire vivre un moment de grâce, légèrement. Mais à quoi bon être ce genre de magicien? C'est la question avec laquelle nous laisse Chomet, au terme d'un parcours au rythme dilaté dans lequel il faut se couler pour en profiter pleinement. Les images déroulent comme si un invisible magicien tournait devant nos yeux les pages d'un gigantesque album animé, dans une quasi-absence de dialogues qui ne gêne absolument pas la compréhension mais, au contraire, repose l'oreille et permet à l'oeil de jouir du dessin, des images quotidiennes, des petits suspenses, des répétitions comiques. Ce long métrage d'animation est la réalisation d'un scénario original de Jacques Tati, qu'il n'a jamais pu ni voulu tourner en raison de la proximité du sujet de son histoire personnelle. Chomet lui rend hommage avec style et élégance, en utilisant sa propre identité graphique, qui montre une étonnante compatibilité avec l'univers du cinéaste de M. Hulot. Un appel vibrant à la poésie du quotidien et, en quelque sorte, à la résistance.

Voir la bande-annonce officielle sur youtube.
Un extrait que j'aime bien, avec des trains, qui évoque le voyage...
Une interview de Sylvain Chomet en vidéo et une autre, écrite.
Le site du film.
Et un article qui dévoile l'histoire personnelle de Tati de laquelle est née le scénario.

Happiness, on veille sur vous


Une découverte hilarante faite au Festival d'animation d'Annecy! Mathieu Maillé projette pour la télévision une série déjantée : "Happiness, on veille sur vous". On espère en voir très bientôt des épisodes sur les écrans. Le héros, ou plutôt super-héros, de la série, est un gros oiseau jaune nommé Jean-Pierre. Muni d'un "happyscan", il repère les personnes en difficulté et va tenter de réaliser leur bonheur. Son arme : la publicité, où il croit trouver les recettes de la félicité. Mais le plus souvent, ses interventions provoquent des catastrophes plus qu'elles ne résolvent les problèmes... Mention spéciale aux dialogues et aux voix, complètement irrésistibles. Vite vite, diffusez "Happiness" sur le petit écran!

Quelques images du personnage sur youtube.
Et des photos du studio de tournage.

Accent belge douteux...

Parmi les longs-métrages en compétition au Festival du film d'animation d'Annecy cette année, on trouvait "Allez raconte!" de Jean-Christophe Roger, issu du livre puis de la série télévisée du même nom. J'ai trouvé le graphisme et la couleur pas toujours très intéressants, et parfois même criards, mais le scénario partait d'une bonne idée : un concours du papa qui raconterait les meilleurs histoires à ses enfants. Cela ne pouvait évidemment que séduire mon goût pour le film de narration! Le film déroule donc diverses phases d'une véritable "compétition" télévisée, entre des papas très différents : le papa-héros, timide et peureux mais inventif en diable, le méchant papa, qui triche pour faire gagner à tout prix son fils unique gâté, le papa sérieux, qui nourrit sa ribambelle d'enfants de récits historiques, etc. Les histoires que chacun raconte sont inégales, avec des thèmes intéressants mais pas toujours traités à fond. Cela dit, les situations sont variées et émaillées de gags destinés aux parents ; tout le monde peut passer un bon moment, sans plus.

Une chose cependant m'a chagrinée, et chagrinée beaucoup. Le papa belge. En effet, le film place dans la bouche de ses personnages - ce qui est extrêmement louable - les différents accents de la langue française telle qu'on la parle en France, en Belgique, au Luxembourg, au Canada, etc. Mais il est assez consternant de voir la caricature extrême qui tient lieu de papa belge, alors qu'il n'y a pas caricature pour les autres personnages francophones. Le papa belge est grossier, ordurier, vulgaire, bagarreur, les enfants sous-entendent qu'il bat sa femme... et il raconte une "histoire de cacas" qui horrifie les spectateurs du concours sur l'écran - et consterne la Belge que je suis dans la salle. Ce qui me gêne n'est ni la présence d'une histoire scatologique dans le film (cela reflète effectivement une certaine facette du goût des enfants), ni même (quoique déjà plus gênante) l'impression que ce devait évidemment être le personnage belge qui la raconterait, mais bien le fait de construire le personnage belge autour d'un ramassis d'images repoussoir. J'ai trouvé cet élément vraiment douteux, et pourtant, je pratique régulièrement l'auto-dérision sur ma nationalité et les accents de nos contrées wallonnes et bruxelloises. Mais trop, c'est trop : trop facile, et trop vulgaire.

Voir le teaser sur dailymotion.

jeudi 3 juin 2010

Et les fleurs poussent, malgré tout

En marchant à Grenoble, dans le quartier Berriat, on voit du béton et des fleurs, des fleurs et du béton... Qui vaincra?