mardi 8 juin 2010

Metropia

Ce long métrage d'animation pour adultes du Suédois Tarik Saleh (2009) montre, dans un futur proche à l'atmosphère dark, un monde gris suffocant très réussi, où les fantasmes existant autour des nanotechnologies sont devenus réalité. Metropia conte l'histoire de l'entrée d'un homme en rébellion, et fait de ce point de vue penser de façon très (trop?) nette au 1984 de George Orwell. La différence tient notamment au thème des relations humaines, traité avec moins de noirceur idéologique que dans 1984 ; les ambitions personnelles, les désirs, les amours et les instincts solidaires des personnages sont explorés comme si rien n'avait changé en 2024 ; l'ambigüité de la nature humaine est conservée. Ce trait a pourtant le défaut d'affaiblir le final du scénario : l'intrigue politique concentre les conclusions cyniques, alors que parallèlement peuvent subsister entre les êtres des gestes de tendresse, d'amitié, d'entraide, de bienveillance. Du coup, on sort de la séance avec des sentiments partagés, comme un peu toujours dans la vraie vie, comme si les "méchants" restaient hors de nos foyers, là-haut, très loin, dans les sphères du pouvoir. Bref, on regrette un peu l'absence de conclusion forte du scénario, qui ne prouve pas grand chose bien qu'il aligne les bonnes idées pas toujours suffisamment exploitées. Ainsi, la géniale vision d'un métro reliant toutes les villes d'Europe n'assume pas réellement de fonction narrative, si ce n'est celle d'un décor démontrant l'inutilité des avancées technologiques pour rapprocher les êtres, et la mainmise de forces occultes sur ces inventions ; on aurait pu en tirer beaucoup plus. De même, le jeu télévisé "Asylum" qui permet chaque soir à un réfugié de gagner une place en Europe alors que le siège éjectable des trois autres les ramène violemment hors des frontières européennes, ne sert elle aussi que d'illustration du monde de la fiction, mais ne participe pas du scénario principal. En somme, une version de 1984 dont on pourrait sortir en "gardant espoir". Reste le dessin, surprenant, de ces personnages aux têtes disproportionnées par rapport aux corps, et de ce monde urbain apocalyptique, sans saisons : on passe un excellent moment en se régalant les yeux, l'animation donnant une dimension nouvelle au style d'histoire racontée.

Voir la bande-annonce officielle sur youtube.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire