jeudi 8 avril 2010

Global Positioning System (GPS)


Moi qui m'insurgeais devant ce que je considérais comme une technologie débile et infantilisante, déresponsabilisante et surtout destructrice du voyage... Qui disais que c'est en se perdant qu'on trouve la ville, qu'on rencontre qui sait nous guider aussi parce qu'il habite là... Eh bien, à la faveur de l'utilisation de cet outil, j'ai révisé mon jugement! On ne devrait vraiment jamais parler de ce qu'on ne connaît pas, de ce qu'on n'utilise pas soi-même...

Pourquoi avais-je été si contraire à la chose? J'ai nourri longtemps un rapport très physique aux cartes géographiques, indissociables dans mon esprit d'une dimension toute matérielle : pliures, usure, couleurs ; matière froissée, bruit du papier. Les vestiges de mes étés baladeurs tapissaient ainsi les murs de ma chambre.

Mais j'ai été forcée de dissocier cet emballage adoré de ce que j'ai compris être le réel objet de ma fascination : l'instrument de navigation qu'est la carte, l'ensemble de repères qu'elles donnent du monde, permettant de le parcourir, de le concevoir, de le définir, de le rendre sensé. Car tout cela, sous une forme différente, le GPS permet de le faire. Au lieu de trahir la carte, il la développe, il l'adapte à notre monde ; et nous, navigateurs modernes, pouvons ainsi, encore une fois, parcourir l'espace comme bon nous semble.

Nous nous perdrons bien encore, et nous pourrons toujours nous parler pour nous rencontrer. (Comme lorsque cette dame, l'autre jour, s'arrête pour me demander le chemin, et que je l'aide à le trouver sur ma carte digitale!) Comme d'habitude, il suffit de plier la technologie à nos besoins plutôt que d'adapter nos besoins à ce qu'elle nous permet ; c'est dans ce dernier cas seulement qu'elle risque de nous trahir.

Je continue d'affectionner les cartes en papier, les dessins, parfois les caricatures géographiques, car ils permettent d'introduire des variations de sens étrangères aux cartes GPS, dont la fonction est uniquement de guider, en toute justesse. Mais même au niveau affectif, les fonctions qui consistent à introduire ses propres repères sur les cartes électroniques permettent de faire siennes ces cartes, en mentionnant non seulement une gare ou un monument, mais aussi, pourquoi pas, un café, un parc agréable où l'on s'est reposé, ou la maison d'un ami. Apprivoiser l'espace, par tous les moyens ; lire l'espace, pour survivre et pour vivre.

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Illustration : image vectorielle d'une rose des vents figurant sur une carte marine de Jorge de Aguiar datée de 1492, récupérée ici.

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