lundi 8 février 2010

"Up in the air" : what else pour mon dimanche?

Un excellent moment au cinéma, avec l'excellent George Clooney évidemment, mais aussi avec un excellent scénario. J'ai entendu dire, notamment dans Grellywood, que le réalisateur Jason Reitman n'avait pas le courage de son sujet, et qu'il abandonnait en cours de route un film dénonçant les méfaits du néolibéralisme. En fait, il me semble que l'histoire ne porte pas tant, ou du moins pas directement, sur le métier de Bryan Bingham, employé à licencier les salariés des autres à la chaîne, que sur les conditions d'exercice de ce métier. C'est bien le titre du film : dans les airs. Quelle genre de vie peut-on mener sans attaches? Le personnage de Bingham permet d'explorer totalement cette hypothèse. Loin de manquer le sujet des méfaits du néolibéralisme, Reitman le traite en le retournant. La victime du système, au fond, ce n'est pas seulement le salarié licencié sous toutes ses formes, rendu présent pas une galerie de portraits saisissante ; c'est aussi l'homme d'affaires suspendu entre deux avions, comme Bingham qui hors de son travail "n'existe pas" ou "est une parenthèse" (ce que lui signifient les autres personnages). C'est peut-être précisément la force de ce film que son point de vue inhabituel sur le travail, pris par le bout des élites de la globalisation, et qui ne les démonise pas (pour une fois!), mais de façon beaucoup plus originale, montre clairement le type de sujétion à laquelle elles sont soumises. Ne connaissons-nous pas tous des personnes dont les responsabilités, liées à de perpétuels voyages, les empêchent de vivre pleinement certains éléments de la vie "sédentaire"? La griserie des hôtels de luxe, de la légèreté, de l'ubiquité, des non-lieux aseptisés, est progressivement détricotée selon une progression régulière et pourtant jamais surjouée. "Up in the air" est une comédie relativement surprenante, par son sujet, par sa résolution ; le rire est surtout ironique, toujours élégant, un peu triste parfois. A voir sans hésiter!

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