vendredi 25 septembre 2009

Voyager : être en mouvement invisible

[Post écrit à mon arrivée en Pologne]

D'un côté, sentir dès les premières notes que Jean-Jacques Goldman, c'est très français, et que cette francitude sera une alliée contre la mélancolie, le lointain de mes terres.

De l'autre, sentir presque une déception (mêlée aussi du soulagement de l'expatrié) face à la similitude de nos modes de vie, ici et là-bas ; évidemment, nous utilisons les mêmes papiers hygiéniques pour nos besoins, nous buvons les mêmes petites bouteilles de préparations laitières censées fortifier nos défenses naturelles, nous recevons les mêmes tickets de caisse et écoutons dorénavant la même musique dans les taxis.

Est-ce un mal, un bien?

Un bien sans doute, si la qualité de vie de tous s'en trouve améliorée, surtout dans cet ex Est de l'Europe où la vie a longtemps fonctionné au ralenti, et continue d'être chiche pour qui vit au rythme du salaire local.

Un mal? Surtout pour le voyageur, le rêveur sans doute, l'aventurier avide de terres vierges... Je crois de plus en plus que ces voyages doivent devenir intérieurs, et passent en premier lieu par la langue, elle-même véhicule de la culture. Voyager est sans doute plus que jamais, dans un monde apparemment uniforme, un mouvement invisible qui porte vers l'Autre, mais sans jamais atteindre aucun coeur, aucune essence culturelle ; plutôt un mouvement qui creuse sans fin les couches du passé et des valeurs pour tenter de cerner l'incernable.

Leroy-Merlin, Ikea, Sephora ; Le Canard enchaîné, Perrier, Actimel ; tout se ressemble mais, sans doute, rien n'est pareil. N'est-ce pas là le plus grand risque - le plus grand défi - de notre siècle?

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