mardi 22 septembre 2009

Voyager en train

[Sur mon voyage vers la Pologne]

C'est se permettre de désirer l'endroit où l'on arrive.
Se donner le temps d'y arriver physiquement. De traverser les contrées et de suivre la mélodie changeante des langues qu'on parle sur la carte du monde. De voir évoluer les hommes, les paysages, le temps. Même si c'est à la vitesse du chemin de fer, rendre hommage en les traversant à l'existence des terres nourricières où nous cultivons la tomate, la vigne, la pomme de terre, le cerisier ; des terres de forêts où nos compagnons à feuilles, par la magie gratuite de la photosynthèse, nous emplissent les poumons d'air neuf une fois la nuit venue ; des terres où, parce que nous avons perdu la tête, nous déversons aussi nos excréments chimiques. Au moins, ne pas faire semblant que nous savons tout et que nous pouvons survoler, voler, et considérer tout cela de haut ; car nous ne savons rien et l'ignorer nous tue chaque jour un peu plus.
Et je n'aurais pas supporté, avec la paranoïa que j'emmenais avec moi sur la route de l'Est, d'arriver à peine quelques heures après mon départ si loin de mon quotidien. Ceci m'a semblé tellement plus juste, plus vrai, m'a semblé tellement moins un mensonge. Car oui : je suis loin.

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