
Heureusement sa caméra montre, pareillement, ce qu’il aime, et filme avec amour, tendresse même, ces hommes et femmes traités de culs-terreux par (nettement) plus cons qu’eux. Là encore, ces paysans seraient tous de beaux salauds, qu’il serait incapable de nous le prouver. (Mais là encore aussi, on a un doute.) Le père et sa fille, le père et son fils, le mari et sa femme, la veuve, le veuf ; la bretelle détachée d’un vieil homme et le geste qui la rattache ; les dictons, anecdotes et scènes cocasses en arrière-fond des entretiens oenologiques – Nossiter ne se résout pas à les supprimer au montage. Heureusement.
En réalité, il ne parvient à montrer que ce qu’il ressent : des maisons de Bourgogne ou de Bordeaux, il nous offre un reflet chaleureux, tendre, un peu sépia déjà peut-être ; des bureaux, labos et autres Californian paradises, il nous renvoie la froideur, les couleurs criardes et la bêtise : tout ce qu’on le sent détester. « Nous essayons vraiment d’aider nos gens... C’est pour ça que nous leur offrons une casquette, ou un tee-shirt. Enfin, ça dépend ce qu’on fait cette année-là. » Air contrit, que nous laisse un instant savourer le plan. On acquiesce : elle est vraiment très bête.